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Va Chercher Bonheur...
20 juin 2004

De la productivité du travailleur brésilien

Encore une chose qui m'étonne ici, au Brésil.

Il y a une petite cafétéria dans le centre commercial à coté de chez moi. J'aime bien y aller, ils font des expresso, ce qui est assez rare par ici. Mais, alors qu'à Paris une personne pourrait tenir seule l'établissement, il y a là en moyennes 5 filles qui travaillent. Comment se déroule le processus ?

- un client arrive par la caisse où une serveuse prend la commande, reçoit le paiement, délivre au client un petit coupon avec un numéro et note la commande sur un petit bout de papier qu'elle transemet à ses collègues,
- et là, c'est le drame : quatres serveuses qui ont l'air moyennement habiles à se servir d'une machine à expresso font tout à la fois : prendre le parpier transmis, nettoyer la machine, préparer le café demandé, faire chauffer les tasses, faire la vaisselle, appuyer sur le bouton qui fait clignoter le numéro correspondant à la commande servie sur un paneau lumineux qui émet un petit son, prendre le coupon du client qui se présente, vérifier qu'il y a du sucre disponible dans les sucriers, débarasser les tables. Tout ca en même temps, sans que je puisse discerner un ordre quelconque. Tout cela laisse une impression de panique permanente, d'improvisation continue, de confusion aléatoire.

Donc 5 employées là où deux, voire trois, personnes compétentes suffiraient amplement. De même, dans un restaurant, quelle ne fût pas ma surprise, entrant non chalemment dans les toilettes, en découvrant là, assis sur une chaise derrière la porte, un type qui manifestement travaillait ici, ne faisant rien, ayant l'air de souffrir d'un profond ennui.

La productivité des travailleurs ne semble pas être un problème fondamental ici. Le truc, c'est que le travailleur peu productif produira nécessairement peu de valeur, il aura donc un salaire en conséquence, consommera peu de valeur, donnant une occasion de moins à ses compatriotes d'en créer. Nous voila dans un cercle visqueux qui est sans doute une des origines des inégalités brésiliennes et dont on ne sort pas simplement.
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Commentaires
J
yeah man !<br /> c'est en cours :D
J
Belle analyse de la non-psychologie du cercle ;-)<br /> T'as pas tort... Bon il te reste à soumettre ton idée à l'académie française ;-)
J
Salut Jacques,<br /> <br /> Je n'aime pas parler de cercle vicieux, car cela signifierait que le cercle aurait une sorte de personnalité. Or, ce n'est pas de sa faute. On pourrait dire un cercle vicié, ce serait déjà mieux. Personellement je préfère dire visqueux (c'est pas agréable et on en sort difficilement).<br /> <br /> Ici, il y a 2 employés dans les bus normaux. Dans les bus rapides, il y a un chauffeur par bus et un employé par arrêt.<br /> <br /> Dans le cas pris individuellement, c'est sûr que c'est bien qu'il paie plus de personnes. Le problème est quand on considère la société dans son ensemble : moins les individus (en moyenne) donnent à la société, moins ils en recevront ; Et ceci est valable aussi bien dans un régime capitaliste que communiste. (ceci pour faire taire ceux qui croient que je suis un capitaliste ultra-libéral en écrivant cela)<br /> <br /> Je ne sais pas si il le fait pour l'image ou simplement parce qu'il n'a pas cette préoccupation d'optimiser les ressources humaines.
J
Il y a plein de choses fantastiques ici et j'en parlerai dans mes prochains posts. Pour le parallèle avec la France, je vais essayer aussi. Je commence à avoir quelques lecteurs (et lectrices) au Brésil, ce que je n'avais pas supposé au départ. C'était surtout pour faire connaître le Brésil par l'intérieur aux français.
J
Coucou Prisca,<br /> <br /> En fait en France, tout cela n'est pas possible pour une raison toute simple : le salaire minimum ne le permet pas. Donc le chauffeur du bus vend les tiquets et rend la monnaie en même temps qu'il conduit (j'ai toujours trouvé ça dangereux...). D'autre part, les taux d'intérêts sont beaucoup moins élevés, donc il est plus rentable d'investir dans de bonnes machines que de payer plus de salariés. Et en investissant dans des machines, on rend les salariés encore plus productifs. Le problème qu'on rencontre en France, c'est que les salariés deviennent stressés parce qu'on leur en demande plus. Heureusement dans les deux pays il y a des entreprises qui ont trouvé un juste milieu.<br /> <br /> Tu as raison, j'ai parfois l'impression de parler plus des aspects négatifs que des aspects positifs. C'est que je parles surtout des choses étonnantes ici, et je suis plus étonné par le négatif (le positif est plus facile à accepter ;)).
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